Umuganda

Le dernier samedi du mois, pendant toute la matinée, le Rwanda se livre à un exercice assez particulier: Umuganda ou travail communautaire. Chaque citoyen doit, entre 7h et 11h, participer dans son secteur à des travaux d’intérêt général et contribuer ainsi au développement de sa communauté.

Nettoyage des rues ou des caniveaux, terrassement, collecte des ordures, ce travail collectif se déroule dans tous les quartiers et communes du pays sous la supervision de gardiens en uniforme qui n’hésitent pas à frapper aux portes et à aller chercher chez eux les citoyens récalcitrants à accomplir leur devoir…

Gardiens en uniforme qui escortent, samedi matin, un citoyen à son devoir d’umuganda…

À 11 heures, la communauté est invitée à se rassembler au sein de l‘akagali (cellule de village ou de quartier) afin de faire le point sur le travail accompli et planifier le prochain umuganda

Les étrangers ne sont pas légalement soumis à ce devoir d’umuganda. Cette exemption provoque-t-elle des questions ou des tensions au sein de la communauté?

Étrangers qui sont par ailleurs beaucoup plus présents à Nyagatare que nous l’avions d’abord imaginé. En plus des nombreux Ougandais et Tanzaniens qui habitent dans la région, nous avons aussi rencontré il y a quelques jours un groupe de douze Tunisiens qui travaillent dans le district sur un immense projet d’infrastructure dont l’objectif est d’alimenter en électricité 50 000 foyers dans les communes les plus isolées de la province de l’est.

Originaires de Bizerte, de Hammamet ou de Sousse, j’ai eu le plaisir de partager avec eux les souvenirs d’un voyage effectué il y a vingt ans dans le grand sud tunisien, dans la région de Tozeur et dans la petite ville de Douz, située à l’entrée du Sahara. Nous nous sommes promis de partager bientôt un couscous ou un méchoui.

Travaillent également à Nyagatare, un couple de missionnaires canadiens, originaires de la Saskatchewan et, accompagnée de son mari, une infirmière américaine, du Minnesota, sous contrat avec la Fondation Clinton, qui enseigne à l’école de formation des infirmières.

Tout ce petit groupe d’étrangers, umuzungu, essaie tant bien que mal de faire son nid et de trouver sa place à Nyagatare. Ce n’est pas toujours facile.

Sur la route de Burumba, au milieu des collines, à une heure de marche de Nyagatare.

Le petit lopin de terre qui entoure notre maison étant propre et un modèle irréprochable pour l’umuganda du quartier, j’en ai profité samedi pour aller faire un tour dans les collines toutes proches.

Direction: Burumba, un village d’environ 1500 habitants, sans électricité, situé à une bonne heure de marche. Je connais bien le village, j’y suis déjà allé plusieurs fois, et le long sentier qui monte jusqu’à Burumba est devenu mon jardin. On y est extraordinairement bien! Mes compagnons de route sont les paysans qui cultivent leurs champs de manioc et les nombreux troupeaux de boeufs qui viennent paître paisiblement le long du chemin…

Sur le sentier qui mène à Burumba, troupeau de vaches et de boeufs, si communs dans la région.

Berger avec son troupeau dans la campagne profonde de la province de l’est…

Ces randonnées, au milieu des prés et des champs, réservent parfois des surprises… on ne sait jamais qui l’on va rencontrer sur le chemin.

Sur le chemin du retour, une femme et ses trois enfants. Scolarisés dans une école privée, les enfants parlent, en plus du kinyarwanda, un anglais impeccable.

Autre rencontre, en rentrant à Nyagatare, les akori, comme on les appelle dans la région, de grands échassiers qui font ici partie du décor, marabouts charognards, perpétuellement en poste devant les marchés et les étals de boucher, à la recherche de nourriture…

Les akori, marabouts de l’Afrique de l’est, en attente, dans leur pose habituelle

La promenade s’achève… Bref séjour à l’extérieur de Nyagatare prévu dans une dizaine de jours.  Autour du 10-11 novembre, après un atelier qui réunira quelques coopérants à Kigali, je planifie passer quelques jours dans la province de l’ouest, à Kibuye, au bord du lac Kivu…

Vendredi matin, en route pour une autre école! Chaussures cirées, chemise repassée… et téléphone portable à la main! Le téléphone est la façon la plus sûre de rejoindre les directeurs d’écoles du district.

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19 réflexions sur “Umuganda

  1. Cher Max,
    Peut-être faut-il lancer l’idée de UMUGANDA à Vancouver? Vancouver sera-t-elle plus propre? Cela pourrait aider aussi à construire un sentiment de communauté. Il y a quelques semaines, un reportage-sondage dans le Vancouver Sun confirmait le grand nombre d’habitants qui se sentent isolés à Vancouver et qui affirment que c’est difficile de tisser des liens avec les gens.

    Merci de partager ton environnement: les gens, la flore et la faune…

  2. Hello Max,
    What a marvelous idea, imagine every one around the world giving back to their communities once every month. How clean and beautiful our world would be. Every one would share the sense of pride in their surroundings, neighbour helping neighbour. Imagine also what a wonderful way to get to know your neighbors. No more graffiti or plastic bags that end up in our oceans. They say for every act of kindness , ten comes back to you. How much happier the world would be, how many conflicts could be avoided. We can all take a lesson from Nyagatere.
    Affection,, Nancy

    • Merci Akebono and thank you, Nancy! I agree wholeheartedly with the concept of giving back to the community!… I am not sure however how the idea of a monthly umuganda would be received in minus 20 weather in Montreal or Calgary during the winter…

  3. Je me souviens du travail communautaire qu’on faisait tout près de chez toi lors de mon arrivée en mois de juin dernier. Des gens étaient dans la rue à construire un projet de circulation ralentie? Je ne m’en souviens plus exactement, mais ils avaient l’air contents.

    Tu as l’air bien dans la Photo, Max. Seras-tu ami du téléphone portable à ton retour? :-)

    • Je ne suis pas sûr pour le téléphone portable, Ian!
      Le portable est ici un outil essentiel pour le travail, mais à mon retour… je compte bien reprendre ma douce retraite (Inch’ Allah)…. sans SMS… ni messages urgents!

  4. Hello Max, I so happy to what you are doing, I am learning so much from you but i did know that you can learn something like Umuganda in our country.

  5. Salut Max !
    Je viens de lire les 3 derniers chapitres et de voir les progrès accomplis dans plusieurs domaines depuis ma dernière visite sur ton blog : une cuisine qui prend forme et vous permet de préparer des repas appétissants; des rencontres pédagogiques fructueuses et une belle victoire avec l’abolition des châtiments corporels dans une école au moins ,,, espérons que l’idée se répandra comme de la poudre dans les autres écoles du district !
    J’ai découvert avec intérêt les pratiques locales en matière de reconnaissance des enseignants … « vachement » bien ! On devrait soumettre l’idée à notre ministre … après tout, rien ne semble impossible, même les idées les plus saugrenues (dernière en date, le gouvernement provincial parle de légiférer et de mettre en place des contrats de 10 ans pour les enseignants … tu as bien fait de prendre ta retraite !)
    Intéressant aussi ce concept de « umuganda », mais semble-t-il, la participation de tous n’est pas égale et la coopération doit parfois être « encouragée » par la force … Tout le monde, au Rwanda comme ailleurs, n’a pas le même sens du civisme !
    Merci pour les photos qui complètent joliment ton récit et nous donnent une bonne idée de ton quotidien, de tes rencontres et des paysages que tu traverses. Tu as l’air en pleine forme : vivre au soleil, loin du bruit et de l’agitation urbaine, semble te réussir. Le fait de marcher régulièrement y est sans doute aussi pour quelque chose et j’imagine que cette activité remplace désormais l’exercice que tu avais l’habitude de faire en vélo.
    Bonne fin de trimestre et bon séjour en Tanzanie pour tes vacances. J’ai hâte de connaître tes impressions de Zanzibar, un nom qui fait rêver et une destination que j’espère découvrir un jour.

    • Merci mille fois, Annie! Pour ce qui est du châtiment corporel, cela y est, le message est passé, clair et net, à l’échelle du district… Tu as aussi parfaitement raison en ce qui a trait aux multiples avantages de vivre dans un milieu rural… On est vraiment bien ici, loin des voitures et des sirènes d’ambulance et/ou de police… Autant j’aime Vancouver, autant je pense de plus en plus, à mon retour, à l’option de déménager, à moyen ou long terme, dans un endroit plus calme et dans un environement plus serein, comme Gabriola… Grande décision! Il va falloir d’abord convaincre Diana!

  6. Dear Max,
    What fascinating storks, akori, marabout…I would like to see some some day…be careful they are like vultures…

    • Thank you, Linda! The variety in the fauna is really fascinating here… but guess what we found inside the house on Wednesday morning?… A small, tiny snake! We think it came in the house hidden in a huge stack of green bananas that Rosalie bought at the market…

  7. Hi Max!
    It’s Alyssa (Linda and Roger’s daughter).
    C’était tellement excitant de voir tes photos. J’adore les couleurs, le Rwanda a l’air si beau et vif.
    J’ai entendu qu’il y a des étudiants là-bas qui commencent le programme IB international. Maintenant je suis en 12ème année en baccalaureat international, j’espère qu’ils l’aiment. On me dit que c’est très utile, même si c’est difficile.
    Diana voulait aussi que je te parle d’un magazine ici au Canada. Il s’apelle Youthink (http://www.youthink.ca/). S’il t’interesse, tu peux lire mes articles en cherchant mon nom dans le magazine. Tout est écrit par des ados en CB et en Alberta.
    Hope you’re doing well, it seems like such a fantastic experience.

  8. Merci Alyssa! Félicitations d’avoir presque terminé le programme de IB! Que vas-tu faire l’année prochaine? Étudier à UBC ou McGill? Je vais certainement lire tes articles dans Youth Link que nous recevions dans mon ancienne école à Vancouver. Bravo! Peut-être deviendras-tu journaliste? Bonne chance pour la fin de l’année scolaire!

  9. Hi Max!
    I think that community service like that is a brilliant idea, and i think it should be implemented everywhere! We did something similar to that when i was living in Japan. It just became habit, nobody minded. They’re certainly way ahead of us in that regard. Good for them!!
    Keep up the great posts!

  10. Hello Max,
    It’s another rainy day in Vancouver today-Saturday. Love the picture of the mother and her 3 children. The vibrant colours and intriguing pattern of her tunic and skirt really make an impression against the hills in the background. You must be mesmerized by the vibrancy of Rwanda’s cultural and physical landscape.

  11. Joli texte Max. Que de souvenirs….. Embrasse bien le sol de Kibuye pour moi quand tu iras là-bas. Pique-nique sur une des îles du lac si tu as le temps…. Suis accro à ton blog !

    • Merci Marc,
      C’est formidable de te lire! Je suis arrivé à Kibuye hier, et ai encore fait mieux qu’embrasser le sol de cette belle ville où tu as vécu avec ta famille…Je suis allé nager dans le lac Kivu! L’eau du lac est limpide et super fraîche!! Je vais aussi suivre tes conseils et explorer ce matin l’île de Amahoro (Paix, en kinyarwanda). Détails supplémentaires dans quelques jours sur ce même blog.

      • Comme Kibuye doit avoir changé ! Je ne sais pas si le petit Guest House sur les bords du lac y est toujours, mais ils servaient les meilleurs petits poissons frits au pili-pili qu’on dégustait avec une bonne Primus…. D’ailleurs, nous habitions à 800 m du Guest House, de l’autre côté de la petite baie. Tous les matins, je nageais de la maison au Guest House. Je ne peux qu’abonder dans ton sens lorsque tu évoques la limpidité de l’eau et la beauté du lac…. Urugendo rwiza !

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